ÉCRITURES DE FEMMES : ENJEUX ET DÉFIS

Que des femmes depuis l’Antiquité aient pris la parole pour écrire et faire résonner leur voix, qu’elles aient occupé une place dans le champ littéraire n’est plus ni à prouver ni à discuter. Seulement, leurs écritures ont toujours été prises dans une dialectique subtile : la société tend à les marginaliser voire à les neutraliser par l’ironie ou la dépréciation. L’histoire littéraire ne réserve aux écrits de femmes qu’une place minime, la mémoire collective ne
retient que quelques grandes figures qualifiées de génies, les autres sont vouées à l’oubli, reléguées au second rang d’une bibliothèque, dans une classification idéologisée, sexuée.
Il serait donc édifiant d’analyser tout ce que les sociétés ont mis en place au cours des siècles pour restreindre l’écriture des femmes et de comprendre comment les femmes de lettres ont pu s’affirmer malgré la marginalité, en s’inscrivant dans la transgression de la condition féminine qui leur est traditionnellement réservée. L’écriture en tant que subversion devient une délivrance, une affirmation de soi dans cette perpétuelle quête d’identité.
L’approche choisie dans cet ouvrage est diachronique et multiculturelle. Nous nous proposons d’élargir le débat sur les écritures de femmes de plusieurs époques différentes – du Moyen Âge jusqu’à nos jours ; des écrits qui seraient l’espace d’expression d’un exil intérieur intime et d’une liberté où la question de l’identité rejoint celle de l’altérité.